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Canyon de Khowarib

Samedi 8 mars

Lever 6h car une longue route nous attend aujourd'hui. Nous quittons la Kunene sans avoir vu de crocodile. Dommage ! Comme il y a deux jours, nous empruntons la piste Epupa-Opuwo et son trafic intense de 4 à 10 véhicules par jour lorsque Gnou Futé voit rouge. Franco se permet donc de faire le facteur en route pour déposer un colis à une centaine de kilomètres. Autre initiative que je tiens à souligner : la distribution des surplus alimentaires. J'ai déjà vagabondé dans beaucoup de pays avec des agences et en général la destinée du surplus est malheureusement assez évidente. African Eagle, elle, respecte ceux qui n'ont pas assez à manger et leur fait donc bénéficier jour après jour de ce que nous avons laissé dans l'énorme marmite. MERCI !!!

Le paysage est encore sans borne ou presque avec des reliefs assez doux.

A Opuwo, nous nous arrêtons quelques instants réaliser des courses alimentaires et le plein d'essence. Puis, nous prenons la direction du Joubert Pass, un col ouvrant sur le centre du pays. Sur la route y conduisant les villages se font rares. Quelques baobabs viennent rompre l'omniprésence du mopane.

Kaokoland - Paysage montagneux

Femme herero

Kaokoland - Piste filant à l'infini

Baobab

Des panneaux rappellent que la faune sauvage peut surgir n'importe où et à tout moment. N'empêche que j'ai du mal à comprendre la logique de leur implantation car je ne suis pas convaincu que les éléphants viennent systématiquement traverser dans les zones où une signalisation les y invite. En plus, ils divaguent potentiellement sur tout le territoire et au-delà des frontières selon les époques. D'où 2 questions absurdes : Pourquoi ne pas couvrir la Namibie de panneaux tant qu'on y est ? Et que fait la police si l'éléphant traverse dans une zone sans panneau ? L'homme est vraiment plein de ressources ...

Nous nous arrêtons le midi sous un grand arbre pour pique-niquer. J'adore ces moments assez comiques car, au départ, c'est toute une organisation pour avoir les places à l'ombre. Mais, comme le soleil tourne au fil du repas, une partie de l'assistance se déplace pour rester à l'abri. Il arrive donc que nous finissions le repas sans beaucoup de monde autour de la table. 

C'est reparti avec l'ascension du Joubert Pass qui possède une pente très raide sur les derniers mètres. S'il avait plu, nos guides avaient déclaré que nous l'aurions contourné. A présent nous comprenons pourquoi : non pas que le dénivelé soit insurmontable mais c'est plutôt la composition de la piste qui rend le passage périlleux pour les lourds véhicules. Après la bascule, nous circulons un temps dans un corridor étroit avant de déboucher sur une longue vallée encadrée de montagnes.

Panneau éléphant

Un aigle

Joubert Pass

En redescendant du Joubert Pass

Non loin de là, nous arrivons au camping de la Khowarib. Surprise ! Il s'agit d'un campement African Eagle, les tentes sont donc déjà montées. Alors que les jours précédents elles étaient spacieuses, là, ce sont carrément des tentes présidentielles. En comparaison, Kadhafi avait presque un tipi pour mioches. Dans le cas présent, le style se rapproche de l'idée que je me fais des tentes d'explorateurs. Bref c'est classe !

Notre logement du jour surplombe le canyon de la Khowarib. Joli mais sans pouvoir rivaliser avec les chutes d'Epupa à mes yeux. Vers 17h15, nous descendons dans cette faille creusée par la rivière Hoanib accompagné d'un guide local. Ce cours d'eau était autrefois alimenté par le pan d'Etosha dont la Kunene était un affluent. Mais les deux lits se sont progressivement détournés et le pan s'est asséché.

En bas, nous commençons par traverser la rivière à gué à 2 reprises. Juste le nécessaire pour se rendre compte de l'intérêt d'être accompagnés car il y a des sables mouvants. Ici l'odeur est en outre peu ragoûtante. Bref que des points positifs qui sont atténués par la vacuité de ce que nous avons pu voir en termes de vie animale. Le plus sauvage des animaux (et encore parce que ce fut le seul) a été une ouette d'Egypte. Rassurez-vous pas à moins de 100 mètres au cas où. A l'inverse, il convient de souligner les belles couleurs de fin de journée qui mettent en valeur le relief.

Nos tentes

Canyon de Khowarib

Ouette d'Egypte

Couleurs de fin de journée

Nous nous arrêtons un temps pour des explications et apprenons que le cours d'eau autour duquel nous évoluons, l'Hoanib, peut monter de 3 ou 4 mètres après de fortes pluies. Difficile à imaginer alors qu'il s'agit en apparence d'une rivière paisible. Certains de ses bras, actuellement à sec, nous offrent des histoires à travers les traces de pattes de hyènes ou via les copeaux de terre asséchée qui s'étendent sur plusieurs mètres.

Nous parlons ensuite des conservancies puisque cette zone correspond à une et que nous aurons demain matin l'occasion d'en traverser une autre. La Namibie est très en pointe en terme d'écotourisme et de préservation de l'environnement. Ayant conscience du potentiel que représentent sa faune et le tourisme, elle a sensibilisé les populations à l'importance de prendre soin de son environnement et leur a appris à exploiter à des fins économiques les ressources naturelles et biologiques. Le braconnage doit être envisagé comme un acte très rentable mais à court terme. La conservancy c'est un moyen de montrer aux touristes les ressources animalières notamment tout en en tirant des revenus qui servent à l'ensemble de la communauté. Dans le cas présent, les fonds récoltés sont d'abord attribués à l'école pour la développer après l'avoir construite, puis au dispensaire. Le concept a été créé en 2005. Pour voir le jour dans un village ou un ensemble de villages, il nécessite un accord de l'ensemble de la population locale qui vote à main levée. Une étude de rentabilité est ensuite réalisée par comparaison avec d'autres exemples nationaux présentant un profil similaire pour évaluer l'intérêt d'en fonder une nouvelle : quels bénéfices attendre ? quels coûts sont à supporter ? Cette conservancy possède 15 000 springboks sur son territoire. Lorsque le nombre devient trop important, les villageois contactent le Ministère de l'Environnement pour obtenir soit une autorisation écrite d'abattage, soit un accord de déplacement des animaux vers d'autres réserves.

Pendant qu'il nous raconte tout ça, nous repérons une belle cicatrice sur l'avant-bras de notre guide. Il nous explique comment ça lui est arrivé. Une hyène dans les environs s'attaquait au bétail. Avec un autre homme il a donc organisé une traque pour chasser l'animal de ce territoire. Ils l'ont repoussé longuement et très loin. Mais au moment de revenir, la nuit n'allait pas tarder à tomber.  Durant cette nuit, les hommes ont reçu de la visite et les chiens ont commencé à aboyer : c'était un léopard qu'ils ont fini par perdre de vue. Peu de temps après, notre guide local s'est retrouvé sous un arbre, seul, le léopard était dedans ... Il s'est jeté sur lui et l'a attrapé à l'avant-bras. Sans l'intervention de son compagnon de voyage, nous n'aurions pas eu la même personne en face de nous aujourd'hui. Notre interlocuteur a l'art de la mise en scène et nous a raconté cette histoire comme seuls les plus grands studios hollywoodiens sauraient le faire.

Retour au campement en ordre dispersé. Je n'y avais pas prêté attention plus tôt mais entre ma tente et celle de mon voisin, il y a une trace d'hyène. Le guide local nous signale qu'elle est passée il y a trois jours. Cette nuit je ne sortirai donc pas pour deux raisons : éviter les mauvaises rencontres et éviter de dégringoler dans le canyon car, juste à deux mètres devant ma tente, il y a une faille qui descend vers la rivière.

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