Double attaque

Mardi 11 mars 2014

Ce matin, je n'ai pas pris d'excursion car je compte visiter un peu la ville. Cela me laisse théoriquement la perspective d'une belle grasse matinée le départ étant prévu à 11h pour aller récupérer ceux qui sont de sortie. Toutefois, par habitude, je me réveille à 6h comme les jours précédents. Grrr ! (Ours pas très content) A 7h, je débarque dans la salle de restauration où mes collègues, pas très charitables, ne m'avisent pas de la discipline de fer imposée par Gertrude (prénom inventé mais qui va bien à cette personne peu commode). Après qu'ils aient essuyé son courroux, c'est à mon tour d'être dans l'oeil du cyclone et de subir un interrogatoire : j'ai même failli prendre du thé pour être dans ses petits-papiers alors que je déteste ça ! Mais fayoter auprès de la serveuse de notre pension, c'est presque un moyen de survie. Vivement l'arrivée des prochains membres du groupe ...

Ayant réchappé à mon petit-déjeuner, je pars en escapade à travers les rues de la ville de style germano-disneylandesque. En effet, des maisons assez "pompeuses" je m'attends à voir sortir au mieux Donald & co, au pire Mary Poppins ou le Capitaine Crochet. A la place, j'ai le droit à un manège que j'aurais préféré évité : Paul vient à ma rencontre et commence à baratiner. Je sais très bien ce qu'il veut : il me prend pour un distributeur de billets ambulant. Cependant, étant bien disposé, j'accepte de faire un geste et un seul : je lui offre un repas. Il continuera ensuite pour avoir plus mais je le renvoie. Je sais que ce n'est pas bien de céder car c'est favoriser la mendicité. Seulement, s'il avait vraiment faim ? Comment savoir ? Tous les suivants qui tenteront dans la matinée se heurteront à une fin de non-recevoir.

Parmi mes premiers pas, je passe devant une école primaire. L'enseignant a son propre enfant dans les bras tandis qu'il dispense le cours.

Mon chemin emprunte ensuite un quartier peu fréquenté où des écoliers ont décoré un mur de multiples fresques. Un petit air de mur de Berlin ou des peintures murales d'Irlande du Nord ... A côté, une ancienne caserne, aujourd'hui reconvertie en auberge de jeunesse, présente des aspects de château fort.

Je gagne le bord de mer. Les rares maisons entre les immeubles sont colorées. Une promenade est aménagée entre herbe et sable. Les vagues viennent s'écraser sur la grève tandis qu'une jetée s'aventure au contraire loin dans l'océan. Il s'agit d'une terrasse et d'un restaurant panoramique.

Une fois dépassée la jetée, une allée verte et fleurie court jusqu'à un musée, un phare reconverti en restaurant et la demeure estivale du Président, la State House. Remontant alors vers le centre-ville, je suis attaqué pour la seconde fois de la journée (après Gertrude) par un gang insolite : celui des pintades de Numidie. Vous vous moquez déjà sûrement de moi mais je ne saurais comment qualifier autrement l'irruption soudaine sur mon trottoir de plusieurs gros volatiles préalablement planqués dans les fourrés. Il s'en est fallu de très peu pour que je ne sois pas renversé. Si j'étais tombé et m'étais fait mal, j'aurais dû subir les sarcasmes du groupe jusqu'au bout du voyage ... Et si j'avais cédé mon portefeuille, j'aurais été plumé par des pintades ... Un comble ! Je l'ai échappé belle en fin de compte.

En outre, le coup est sûrement prémédité parce qu'il n'y a pas de témoin sauf un touraco concolore complice des pintades, surveillant les alentours pour donner l'alerte. Le hic pour ce gang, c'est que j'ai déjà trois ou quatre pintades à mon actif à l'occasion des fêtes donc mes agresseurs ont fini en déroute.

Me dirigeant toujours vers l'est, je passe devant un collège où les jeunes portent tous l'uniforme. L'occasion pour moi d'un petit aparté : en Namibie, les sept premières années d'enseignement sont gratuites, les 5 suivantes payantes. 90% des jeunes vont à l'école et 65% à l'université. L'enseignement est obligatoire les 10 premières années. Pour rejoindre l'université, il faut avoir étudié pendant au moins 12 ans.

Après avoir dépassé les églises catholique et luthérienne, je débouche devant l'ancienne gare qui accueille aujourd'hui des passagers un peu particuliers : des reptiles. Je suis alors de retour dans la principale artère commerçante qui me ramène vers le littoral et où je retrouve des visages connus. Fin de la découverte en autonomie.

Nous prenons la route en direction de Walvis Bay, le seul port en eau profonde de toute la côte. A l'origine, la baie a été découverte par Bartolomeu Diaz en novembre 1487, ce portugais qui a franchi le premier le Cap de Bonne Espérance, repoussant les limites fixées par son compatriote Diego Cão dont nous avons parlé à Cape Cross. La suite de l'histoire des lieux est singulière avec une domination anglaise quand les alentours étaient colonisés par l'Allemagne. L'Afrique du Sud a pris le relais et n'a remis la gestion de la ville entre les mains namibiennes qu'en 1994 !

Walvis Bay signifie "Baie des Baleines" en afrikaans (Whales Bay). C'est aujourd'hui une ville de 52 000 habitants, rivale de Swakopmund et très active au niveau de la pêche et des mines (uranium et granite).

Sur le chemin y conduisant, nous voyons sur le littoral quelques épaves, des résidences qui poussent comme des champignons et surtout d'immenses plateformes au milieu de la mer. Elles servent à la collecte du guano.

Une fois parvenus sur place, nous devons attendre nos collègues partis en excursion. Le quai d'embarquement regroupe quelques boutiques souvenirs et restaurants. Au sommet des pylônes auxquels sont arrimés les pontons sont perchés deux pélicans. Une otarie cherche également à se faire remarquer en vain dans les eaux du port.

Une fois leur bateau dépouillé de ses fruits de mer, de son champagne et de bien d'autres mets raffinés, nos acolytes décident de rejoindre la terre ferme.

Le groupe reconstitué, nous nous éloignons de quelques hectomètres avant de nous arrêter sur un petit parking à deux pas d'une colonie de flamants roses pas si roses que ça d'ailleurs. Leurs attitudes diffèrent entre les dormeurs perchés, les gloutons affamés, les afficionados des Shadoks qui pratiquent de l'aqua-biking sur place et enfin la patrouille aérienne qui atterrit devant nous au terme de son ballet. C'est dans ce cadre que nous allons nous remplir la panse, enfin, pour ceux qui ont été raisonnables ce matin.

Flamants roses au repos

Flamant rose

Flamants roses en vol

Flamant rose

Nous entrons en début d'après-midi dans le désert. Il offre dans un premier temps un visage très minéral, presque surprenant. A l'horizon, pour le borner, un massif de dunes qui s'étale sur 34 000 km² et abrite les plus hauts spécimens de la planète. Respect. Alors que l'environnement est plutôt inhospitalier, des éleveurs namas se sont établis dans la zone, profitant de la végétation rase et sèche qui abonde dans certains coins. Nous n'allons pas tarder à croiser un troupeau de leurs moutons suivi de près par des otocyons, genre de renards aux oreilles très proéminentes, comme celles de Mickey en moins ridicules. Avec la distance, ils ne tardent pas à s'évanouir dans une brume de chaleur.

A peine quelques minutes plus tôt, un vrai coup de chance car nous apercevons des suricates traversant la route, se réfugiant sur une butte et le guetteur de nous surveiller dans une attitude si typique !

Plus loin, une dépression dans laquelle nous nous engageons. Elle a été modelée par la rivière Kuiseb qui y a creusé son lit. Désormais, c'est un véritable canyon qui nous fait face et, au loin, toujours ces mêmes dunes que nous devons rencontrer dès ce soir.

Après avoir emprunté le cours asséché, nous aboutissons à quelques fermes et surtout à notre camping.  Il n'y aura pas d'eau pour la douche en fin de journée.

A 18h, nous partons pour la marche quotidienne et notre première ascension du circuit. Ca tombe bien car j'ai vraiment besoin de me dépenser avec toute l'énergie accumulée depuis une semaine. La première pente est la plus raide et exigeante. Le groupe se dissémine, le souffle rapidement coupé. Moi, j'ai les batteries pleines, presque à saturation. J'opte donc pour la technique du yéti : monter droit et ne plus faire de zigzags car, de toutes façons, pour trois pas effectués, la nature m'en volera systématiquement un. En une dizaine de minutes, j'atteins un promontoire où j'attends le reste de la troupe.

Rejoins par Pascal, nous jouons avec nos ombres qui s'impriment sur la pente voisine.

Nous allons encore poursuivre pour deux autres sommets car, à chaque fois que vous en atteignez un nouveau, un autre lui succède juste derrière qui était jusqu'à présent caché. 6 d'entre nous y parviendront à temps pour le coucher du soleil tandis que le reste de l'équipée pourra profiter de ce dernier également, mais d'un peu plus bas.

Il faut alors penser à redescendre, 45 minutes durant. Rattrapée par la nuit, notre troupe s'apparente à une procession de mineurs de retour du puits. C'est très agréable à regarder.

En bas, nous retrouvons le campement et le pique-nique sous les hurlements ou ricanements de pseudo-hyènes de Franco et de Christian.

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