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Le BTP version scarabée

Mercredi 12 mars 2014

Lever 6h30 pour un départ une heure plus tard. Alors que le ciel était dégagé au moment de notre petit-déjeuner, il va se voiler rapidement, une nappe de brouillard nous avalant. Celle-ci s'écoule dans le lit de la Kuiseb. Aussi, dès notre sortie du canyon, nous nous retrouvons à nouveau avec une visibilité totale et un soleil dardant.

La route est variée ce matin avec, pour commencer, un ancien rift, vieux de 900 millions d'années. Autrefois, se tenait à cet emplacement l'ex mer de Damara disparue avec la tectonique des plaques. De même, c'est ce mouvement des couches de l'écorce terrestre qui a permis la formation du Grand Escarpement déjà évoqué.

Un peu plus loin, Zebra Pan est une étendue à la végétation suffisante pour abriter ... des zèbres de montagne, des oryx, des autruches, des gazelles ...

 C'est ensuite le tour de deux canyons :

  • d'abord les retrouvailles avec la rivière Kuiseb abandonnée ce matin. Les roches sont semblables à des feuilles superposées les unes au-dessus des autres et plissées. Elles se composent de mica et de schiste. Cette faille, datant de 35 millions d'années, fait obstacle à la mer de dunes et l'empêche de progresser plus au nord. Alors que nous marquons un arrêt au bord d'un mirador naturel, nous guettons l'apparition de damans : des rongeurs si vifs que nous ne parviendrons pas à leur tirer le portrait (la version floue est exposée ci-dessous).
  • puis, quelques kilomètres plus tard, une seconde dépression lui succède : le canyon de la rivière Gaub qui surgit au milieu d'un relief très accidenté. Ce cours d'eau est le seul affluent conséquent de la rivière Kuiseb. Il prend sa source dans les monts Naukluft. 

Canyon de la rivière Kuiseb

Daman vu par un myope

Canyon de la rivière Gaub

Canyon de la rivière Gaub

23°26'. Au milieu d'une plaine caillouteuse sans intérêt, je franchis une ligne fictive de plus dans mes voyages : le Tropique du Capricorne. Honnêtement, ça me fait une belle jambe !

Rapidement, les décors se succèdent dans une profusion de couleurs, de formes et de directions. A croire qu'un artiste amateur a composé plein de tableaux très différents avant de trouver son sujet. (Les plaines sont interminables, c'est pourquoi j'occupe mon esprit comme je le peux.)

Alors que la gravité menace de produire son effet en rapprochant quelques têtes du sol du minibus dans une résistance amusante, nous approchons d'une bouffée d'oxygène : Solitaire. C'est une bourgade, genre western, avec un panneau d'entrée qui indique la population. Au fil du temps, on s'aperçoit que celle-ci fluctue ce qui donne lieu à des ajustements réguliers. Cet endroit est l'occasion d'une pause pour faire le plein, les pompes ne courant pas les rues dans le Namib, pour peu qu'il y ait des rues ... A plusieurs endroits sont mis en scène des épaves de "camiomiettes" à en faire perdre la tête à un de nos acolytes. Elles donnent du cachet à cet endroit des plus originaux. Solitaire, c'est enfin le meilleur appelstrudel du coin. Soulignons que, là-aussi, dans un désert, c'est un titre qui n'a pas grand sens. Ce que je peux vous dire du coup c'est que la qualité tout comme la quantité étaient au rendez-vous. Tant pis s'il ne restait qu'une heure avant le déjeuner ...

Entrée de Solitaire

Solitaire - Panneau de signalisation

Solitaire - Déco

Solitaire - Appelstrudel

C'est un peu à contrecoeur qu'il nous faut repartir vers les étendues sauvages. Au loin, les dunes pétrifiées dont les couches inférieures affichent 80 millions d'années au compteur et sont qualifiées de "proto-Namib" tandis que les couches supérieures sont des jeunettes de 7 millions d'années.

Dernière attraction avant d'arriver à notre campement du jour : une famille d'autruches avec pas moins de 16 petits. Stéphane nous donne l'explication de ce nombre impressionnant : les autruches mâles sont polygames. Lors de l'accouplement, il y a une femelle dominante mais toutes pondent dans le même nid, ce qui peut donner un nombre d'oeufs assez élevé. C'est le mâle qui va couver ensuite l'essentiel du temps, relayé parfois par la dominante.

A destination, nous apprenons que nous montons les tentes pour la dernière fois vu que nous allons rester deux jours à cet endroit.

A cause de la chaleur, rien n'est prévu pour l'après-midi. Pour tuer le temps entre deux grilles de mots croisés, je pars à la piscine avec Patrick. Celle-ci est bondée : plein d'insectes ont payé leur audace de leur vie. Mais ce n'est pas ce qui me dérange le plus. En entrant, le choc est rude car l'eau est particulièrement fraiche : c'est ainsi la première fois que j'ai froid par une température de plus de 30° et en plein soleil ... Je vais tenter d'éviter l'hypothermie, ça ferait désordre et, en plus, désormais, ce serait du réchauffé. J'opte donc simplement pour sortir de la piscine plus vite que je n'y suis entré.

Vers 17h, nous partons à l'assaut de la dune d'Elim. A son pied, une plaine aux couleurs pastel agréable à contempler. Comme nous ne sommes pas venus là "en touristes" -enfin si, mais pas en dilettante je voulais dire-, nous nous attaquons peu après à la montée, chacun à son rythme. La pente étant moins raide et le sol moins mou, je reste dans les pas de Stéphane. La raison plus officieuse c'est qu'il peut y avoir des hyènes dans le coin comme le suggèrent les empreintes apparentes. D'autres animaux sont manifestement venus sur ces flancs : chacals, oryx, springboks, touristus europeanus ...

Cette dune est de sable rouge avec de très nombreuses touffes d'herbes souvent coupantes.

Elle est peuplée de nombreux tok-tokkies et scarabées qui usinent à toute allure à l'heure qu'il est. Au mépris des règles de sécurité, ils creusent des galeries avec leurs pattes antérieures sans chaussure de sécurité, ni casque. Et après on ne parle que du travail des enfants dans les médias ! Tandis que l'avant creuse la mine, les pattes arrière évacuent les grains de sable dans le dos. Quand le tas devient assez conséquent, la bestiole se retourne et pousse les "gravats" vers l'extérieur de la zone de forage. L'ensemble de cette opération ne prenant pas plus de 5 secondes, elle se répète sans arrêt pendant un petit laps de temps. C'est très rigolo à voir !

Ce soir, tous les partants atteignent le sommet pour admirer le coucher de soleil. Je pousse une crête plus loin en compagnie de Christelle et Pascal pour avoir l'aperçu de la vallée en contrebas. Un lit de rivière asséché se ramifie à l'extrême, imprimant sur le sol un motif d'arbre inversé. En portant le regard à l'ouest, nous appréhendons bien la forme longitudinale adoptée par notre dune ainsi que le cordon inter-dunaire de 2 à 3 kilomètres de large qui nous sépare de la voisine. Enfin, au sud-ouest, une dépression s'ouvre au pied d'une montagne. Elle correspond au Canyon de Sesriem où nous nous rendrons demain.

La mine et ses galeries ayant été aménagées par les ouvriers et contremaitres de cet énorme chantier quotidien, nous reprenons notre descente de nuit à la frontale comme hier. Hé oh, hé oh ...

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