Juste une seconde svp !
Dimanche 2 mars 2014
Hier, en seconde partie d'après-midi, j'ai quitté Charles de Gaulle et sa température frisquette. Escale à Francfort puis vol direct jusqu'à Windhoek à bord d'Air Namibia. La compagnie délivre une prestation de qualité : gilet de sauvetage individualisé, masques à oxygène n'ayant jamais servi, pochette en papier si nous commençons à faire des loopings (c'est même un objet polyvalent car en le déchirant vos enfants peuvent dessiner dessus et ainsi me laisser dormir tranquille), ... Seul micro-bémol : ses films sont en anglais non sous-titré ce qui dans mon cas est, à peu de chose près, pareil que du zoulou ou d'enlever les écouteurs. J'opte pour un film sans trop de paroles : Gravity. Rien de tel que des catastrophes spatiales à la chaine pour stresser les voisins lors d'un vol long-courrier ! Pour le reste, comme le trajet est exclusivement de nuit et que les enfants autour sont occupés avec leur pochette en papier, j'en profite pour m'assoupir, ce qui s'avèrera une idée géniale au vu de la suite du séjour.
Lorsque je me réveille pour le petit-déjeuner, je m'aperçois que l'heure est indécente. 2 raisons à cela : l'heure de décalage horaire que je découvre et notre avance de 30 minutes sur l'horaire prévu. Ca tombe bien je n'avais que 7h à tuer à l'arrivée ! En effet, lorsque je me suis inscrit, je n'ai pu bénéficier du même plan de vol que les personnes ayant réservé avant moi et savais donc ce qui m'attendait. Malgré cela, j'aurais apprécié d'avoir 4 à 5h de retard au départ de Francfort, j'aurais alors été la seule personne euphorique dans l'aéroport. Bref passons...
Je sors de la zone sous douane sans trop prêter attention aux multiples agences qui sont là pour accueillir les autres passagers et vais faire un brin de toilette, puis, je prends place dans la salle d'attente. Vous vous demandez peut-être pourquoi je n'ai pas tenté de rejoindre la ville la plus proche ? Simplement parce que le vendeur en France m'a indiqué qu'un dimanche matin à Windhoek est aussi actif et dynamique qu'un vendredi à 15h au Ministère des Finances. En gros, il n'y a plus rien à faire si vous ne voyiez pas où je voulais en venir. Un chauffeur de taxi local a fini de me convaincre en me proposant la prestation "Pigeon Premium" : 200€ pour 40km. De toute façon après un rapide petit calcul mental, je n'ai que 27 000 secondes à patienter. Après tout c'est quoi 27 000 secondes, hein ? Comment ça le temps de traverser la France du Nord au Sud ? Presque une journée de travail c'est vrai ... 12,3 journaux télévisés de Jean-Pierre Pernaut (ouf sauvé !); tiens aussi le temps qu'il m'aurait fallu pour rejoindre à Windhoek à pied sans aucun bagage ... Mamma mia que ça va être long !!!
Pour ne pas sombrer dans la déprime ou l'ennui, je me lance dans une activité passionnante et qui m'éveille l'esprit : compter le nombre de dalles blanches sur le sol de l'aéroport (8376 pour les curieux). L'opération ne prenant pas plus de 23 minutes 35 en divisant le nombre d'arêtes des mêmes dalles par 4 en guise d'auto-vérification, cela me laisse également le temps de compter les poutres métalliques du toit (373), le nombre de passagers à chaussures violettes venant de Luanda (5) ou les chauves à lunettes qui attendent des femmes dont l'âge ne peut pas se révéler ici (3).
Après un peu moins de 2 000 secondes, j'ai le bonheur de voir s'installer à côté de moi 2 personnes avec des étiquettes jaunes indiquant "Nomade Aventure". Dans un premier temps, je veux croire à un mirage vu que je suis en pays désertique. Mais la vision ne s'estompe pas. Youpi ! Je ne suis pas seul au monde ! Tom Hanks : tu peux aller te rhabiller avec ton Wilson. En compagnie de Christelle et Pascal, le temps va passer beaucoup plus vite : les secondes se font minutes. Quel gaspillage mais qu'est ce que ça fait du bien de claquer sans compter !
Lors d'un passage aux stands (les toilettes dans votre langue), nous avons la chance d'assister à une scène très sympa : le personnel d'entretien passe la serpillière avec zèle sur le sol puis au pied des cuvettes avant de s'en saisir et de nettoyer les lavabos avec ! On va oublier le rafraichissement à l'avenir ...
Avec toute cette activité débordante et en ajoutant une escapade à l'extérieur en plein soleil pour pique-niquer vous comprendrez aisément que l'on a senti le temps passer. Vers 13h, notre guide Stéphane et le chauffeur Franco d'African Eagle débarquent. Nous nous rendons compte que nous étions déjà 6 dans l'aéroport à ce moment-là, arrivés en deux vagues. A discuter et se présenter à autant, le temps va vraiment passer encore plus vite. Craignant que l'on en manque, British Airways nous offre une heure de rallonge soit 30 600 secondes au total de présence dans notre nouvelle maison avant que le groupe ne soit au complet. Nous décidons d'aller patienter en extérieur. J'hésite à passer mon diplôme de guide officiel de l'aéroport de Windhoek. Si je l'obtiens et que vous souhaitez découvrir à votre tour cet édifice au charme absolument quelconque, j'aurais le plaisir de vous offrir les 13 premières minutes de visite.
Lors du regroupement général, le plus cocasse c'est que ceux qui se plaignent du retard ne sont pas ceux auxquels on pourrait penser ...
A 15h, l'âme profondément déchirée, il faut se résoudre à abandonner notre aéroport préféré pour rejoindre le campement du jour. Les 42 kilomètres qui nous séparent de la capitale, Windhoek, sont matière à étonnement : je croyais découvrir un pays désertique, aride et sec, mais nous traversons des contrées verdoyantes qui feraient presque passer la Suisse pour la Péninsule Arabique. L'explication ? Nous sommes en fin de saison des pluies.
Stéphane nous explique le pays en quelques chiffres : une taille équivalente à 1,5 fois la France pour 2,5 millions d'habitants. La densité est ainsi de 2,8 habitants/km², une des plus faibles du continent. 12 groupes ethniques peuplent le territoire et se subdivisent en tribus. 17% du pays est occupé par les Parcs Nationaux et réserves naturelles auxquels il faut ajouter 24% répartis entre réserves privées et "conservancies" (concept sur lequel je reviendrai ultérieurement). Trois activités économiques principales : les mines (diamant, cuivre, or, uranium, ...), l'agriculture et l'élevage, enfin le tourisme.
Nous atteignons les faubourgs de la capitale. Elle est située sur le plateau central à 1500m d'altitude et rassemble environ 310 000 habitants. Nous traversons uniquement des quartiers favorisés et nous y arrêtons pour quelques emplettes. Pour ma part : un smoothie qui n'est pas un smoothie mais un sirop à diluer dans 8 doses d'eau. Dans un circuit où elle ne sera pas toujours disponible aisément, cette incompréhension de l'étiquette est plutôt risible. Décidément, je suis plus doué en espagnol qu'en anglais ...
Nous reprenons la route pour Okahandja. Petite précision : dans ce pays, le volant est à droite et nous roulons à gauche. En sortant de la banlieue, nous essuyons une averse. L'occasion pour ceux qui sont au premier rang de prendre une douche imprévue tant les joints des vitres sont perméables. A présent, nous connaissons les places à éviter les jours de météo capricieuse. Merci à nos chers cobayes !
A Okahandja, nouvelle halte essence-village d'artisans. La plupart des étals sont fermés et bâchés mais les commerçants nous repèrent et s'animent. Nous avons bientôt autant d'amis que vous pouvez en avoir sur Facebook sans rien faire. Je fuis vers un autre centre d'intérêt : une boutique vendant du biltong, une viande séchée de boeuf, de porc ou de gibier de la savane dont les africains du sud du continent raffolent. La dégustation est originale mais je ne vais pas devenir consommateur pour autant.
Dernier bout de route encadrée par une savane arborée et, à d'autres moments, par des fermes dont la superficie moyenne -en Namibie- est de 15 000 hectares. Nous quittons soudainement la chaussée bitumée pour une piste poussiéreuse et cahoteuse menant au camping de Matouzou. Situé au bord d'un lac et équipé de douches avec eau chaude et de sanitaires, c'est le grand confort ! Nous montons nos tentes à proximité respectable d'une termitière comme nous en avons tant vue aujourd'hui. Pour moi seul je dispose d'une tente et suis surpris par la place disponible : je pourrais aisément envisager d'aménager une chambre d'ami. Premier barbecue partagé avec quelques moustiques et scarabées en échangeant sur les mésaventures avec la faune locale. Je suis prêt à vraiment découvrir l'Afrique dès demain !